L’existence du miel industriel n’est pas nouvelle. Ce type de miel, fabriqué sans abeilles et à base de sirops de sucre, est déjà présent via les importations. L’objectif est bien sur de disposer d’un produit à coût moindre. Il est ensuite revendu + ou – en mélange sous l’appellation miel.
Par contre, on franchit une étape supplémentaire avec la mise en marché d’un nouveau produit qui s’affiche officiellement comme miel de synthèse, avec la société américaine Melibio. Cette société, lancée en 2020, s’introduit aujourd’hui en Europe avec la marque Mellody.
Mais ce n’est pas du miel ! Voir l’article de Margot Claire sur l’abeille de France
Le miel industriel Melibio, c’est quoi ?
L’argumentaire est basé sur la « survie » des abeilles sauvages : « Les capacités industrielles de Melibio permettront de fabriquer des produits similaires au miel naturel… Et ainsi alléger l’exploitation des abeilles domestiques, qui, en devenant moins nombreuses, seront alors moins en concurrence avec les abeilles sauvages.”
Tous les apiculteurs connaissent les difficultés actuelles de nos abeilles domestiques, avec les différentes maladies, parasites et prédateurs nouveaux répandus par l’homme.
Ce n’est pas toujours évident de maintenir ses colonies vivantes. Alors c’est bien du marketing de critiquer la concurrence des abeilles domestiques sur les abeilles sauvages.
Par contre, en parlant de concurrence, le miel industriel va en amener une nouvelle sur les prix, en + de celle des miels d’importation.
– D’un coté un miel produit par des abeilles, avec les aléas des saisons, et sans réel gain d’échelle. Pour 3 fois plus de miel, il faut 3 fois plus de colonies à conditions équivalentes
– De l’autre coté un substitut de miel, avec un processus industriel standardisé et des coûts diminuant avec les volumes …
Brevets et marques
Melibio, dans la logique de leur modèle commercial, a déposé des premiers brevets et marques au niveau Européen.
Brevets pour définir la composition de miel à base de plante, et marque Mellody pour rentrer sur le marché Européen.
Les données du tableau sont extraites de l’INPI.
Heureusement, ils n’ont pas droit à l’appellation miel, du moins à ce jour.(définition du miel)
Cela pourrait être la même discussion que l’appellation steak ou burger pour les substituts végétaux à la viande.
Pour ma part, je préfère le respect des appellations authentiques. C’est donc aux substituts végétaux de se trouver un nouveau nom. Sinon, c’est induire le consommateur en erreur.
Comment parler du miel sans pratiquer l’apiculture !
Le premier marché visé par le miel industriel est celui des végétaliens. Ils évitent la viande ou le poisson, mais aussi les autres produits d’origine animale type lait, œufs, miel, etc. Ils vont donc vont préférer consommer un produit de synthèse, un sirop de sucre, plutôt que du miel. Un produit transformé au lieu d’un produit naturel…
Et pour le justifier, ils décrivent l’apiculture et ses pratiques “cruelles”, en généralisant bien sur les excès de certains (comme partout).
En italique, 2 extraits issus d’un site “anti miel”, ayant pour objectif de décrire des pratiques apicoles cruelles pendant la récolte
A propos de l’enfumage
“La fumée déclenche chez l’abeille une peur instinctive de l’incendie. Ce stress amène la colonie à se gorger de miel ou à se regrouper autour de la reine avant de fuir le lieu si la menace se précise. Quand elles se gorgent de miel, elles ne sont plus suffisamment solidaires pour attaquer. Pendant l’enfumage, l’apiculteur peut par exemple effectuer des opérations sanitaires, et bien sûr prélever les stocks de miel. C’est une pratique encore très répandue.”
Oui enfumer est souvent utile pour récolter, mais on peut le faire modérément, et je n’ai jamais vu de colonie se gorger de miel et “fuir le lieu” !
A propos du chasse abeilles
“Le chasse-abeilles est quant à lui un dispositif qui sert à piéger les abeilles plus bas dans la ruche et donc à les séparer du miel qui se trouve dans les parties hautes (les hausses). Une douzaine d’heures plus tard, il reste beaucoup moins d’abeilles à évacuer des hausses. Cette pratique n’est cependant pas appropriée lorsque le couvain (l’ensemble des nymphes, des larves et des œufs) se trouve à l’intérieur de la hausse.”
Formulation tendancieuse et mal documentée : déjà, on ne piège pas les abeilles, elles peuvent sortir de la ruche. Ensuite, pas besoins d’attendre 12 h, quelques heures suffisent à la saison de récolte. Et surtout , si on a des pontes et des larves dans la hausse, c’est que on a oublié de mettre une grille anti-reine. Elle évite justement à la reine de venir pondre dans les hausses.